Une après-midi avec Drouot dans notre salon

Nous nous sommes laissés prendre au jeu des enchères en ligne, et en live.
En ligne, il s’agit d’enchérir sur les pièces, et le jour des enchères, chaque pièce est adjugée, l’une après l’autre, de telle sorte que l’ensemble sera présenté à la vente durant un espace de temps comparable à ce qu’il se serait passé si tout cela s’était passé dans une même salle.
En live, comme pour les enchères en présentiel, l’ensemble des acheteurs guette au trou en surveillant le niveau de l’enchère et le marteau du commissaire

Le cabinet Tessier & Sarrou et Associés organisait une vente intitulée « CRÉATIONS CONTEMPORAINES ».

Il s’agissait d’une vente en ligne et au fil de l’après-midi, nous vîmes approcher le moment fatidique pour chaque pièce que nous avions jugée mériter notre enchère. La première nous fût attribuée sans que nous ayions à nous inquiéter : lorsque je remontais du déjeuner pour vérifier où les choses en étaient, elle était à nous.

Au même moment que j’apprenais cette bonne nouvelle, il ne restait plus que 3 minutes pour renchérir sur un malotru qui avait rajouter 2 euros à notre mise. Je luis rendis la pareille : 44€ pour nous. Il récidiva à 46 et je montrais ma puissance de feu : 50€. Encore gagné !

puis ce fut comme une lettre à la poste pour l’ensemble des autres pièces. Véronique eu un petit regret : « Est-ce qu’on a bien regardé et mis une enchère sur toutes les œuvres susceptibles de nous intéresser ? ». Presque : il ne manquait plus que ce HADAD solitaire pour lequel nous risquâmes 40 € de plus.
Et voilà le résultat :

ARNEODO Alain
Sans titre (19.993) / Enveloppe Mail-Art / Technique mixte sur papier / Signé au dos / 25 x 17,5 cm – 40€

ARNEODO Alain
Sans titre (19.775) / Enveloppe Mail-Art / Technique mixte sur papier / Signé au dos / 25 x 17,2 cm – 40 €

ARNEODO Alain
Sans titre (20.063) / Enveloppe Mail-Art / Technique mixte sur papier / Signé au dos / 25 x 17,2 cm – 55€

SZYDLOWSKI Hervé
Nu assis / Dessin au fusain sur papier / Signé et daté 2010 en bas à gauche / 46 x 32,5 cm – 120 €

RAAK. RAÂK
Les amoureux / Sculpture Raku et pigments / Pièce unique / Signé dessous / Hauteur: 29 cm – 180€

Les amoureux

HADAD Abraham.
Sans titre / Gravure sur papier / Numéroté 4 sur 50 / SBD / 25 x 33 cm. 40€

Sans titre

Comme la surveillance de la vente en ligne ne nous occupait pas de trop, je regardais alors ce qu’il se passait ailleurs, dans ce vaste monde virtuel, et je trouvais d’autres ventes, nombreuses : une dizaine se déroulaient en même temps, dont certaines auxquelles nous pouvions encore nous inscrire. C’est ainsi que nous fûmes pris au jeu de la vente « Collection d’un couturier à Paris » organisée par Le Calvez & Associés

à 14h52, j’attendis le dernier moment pour renchérir et sur le fil du rasoir, je fis mien ce fauteuil Fauteuil « à oreilles », dont la description nous indique qu’il s’agit d’un « rare fauteuil en acajou, tissu à motifs néo-classique. (rest à une oreillette). XIX ème s. »
Estimé entre 80 et 100, nous l’avons payé 110€.

Fauteuil à oreilles du XIX en acajou

J’avais repéré une console demi-lune chinoise pour laquelle j’avais confié une enchère automatique à 120 €. Lorsque vint son heure, un autre malotru me surpassa à 130€. Je répliquai à 150 € et la voilà notre à 15h15 :

Console demi-lune chinoise

Nous ne gagnâmes pas tout ce qui souleva notre enthousiasme ; ainsi de ce magnifique fauteuil en cuir de Vico MAGISTRETTI (« édition Cassina large fauteuil en cuir gris, à système, se déployant en chaise longue, avec appui-pieds. »)

Vico Magistretti – Fauteuil en cuir

C’est à 16h32 que l’enthousiasme de Véronique pour une douzaine de verres taillés se concrétisa pour la somme de 70 €. Encore une victoire contre l’épargne grigoue

Puis nous attendîmes sagement le tour du service de Limoges Pompéi, estimé entre 120 et 150 euros pour ce « service en faience, 24 assiettes plates, 12 assiettes creuses, saladier, deux raviers, saucière (petite égrenure), grand plat ovale, grand plat circulaire ». Il nous fut adjugé à 16h43 pour 90 €.

LIMOGES, service Pompéi

Encore une période de calme, qui nous permet de repérer une jolie toile de 30 sur 40 cm représentant un petit chien peint par M.BARBOSA, sans estimation. Son portrait est si vivant que nous tombons d’accord : nous sommes prêts à faire un effort pour cet animal-là.
Et l’effort se concrétise à 17h27 par le truchement de 250€.

Portrait de chien, M. BARBOSA

En attendant que le tour des grands tapis que nous avons repérés arrive, voilà que Véronique se dresse :
« Regarde ! une service composé de 30 verres à décor gravé » mis à prix 30 € ».
Rusé comme je sais l’être, je guette le moment où le commissaire-priseur va cesser ses lamentations sur le merveilleux cadeau que nous laissons passer là et se décider à retirer le lot de la vente pour … clic. Pour 30€, le lot devient nôtre à 18:06

30 verres à décor gravé

Le même raisonnement bassement utilitaire m’amène à entrer en possession de deux robustes chandeliers à 18h09 pour la somme de 30€. On voit là ma prévoyance habituelle : pour le prochain black-out, nous ne serons pas pris au dépourvu (il faudra tout de même acheter des bougies).
Nous n’en connaîtrons pas précisément l’origine, sinon qu’il s’agit d’un travail ancien, mais la hauteur promet de la stabilité 28 cm.

Paire de bougeoirs anciens

Entre 18h17 et 18h20, nous entrons en possession des deux grands tapis que nous convoitions, respectivement pour 150€ et 180€.
Le premier est un tapis Indopersan (chaîne, trame et velours en laine), Inde, vers 1940-1950, (ref :3103), Bon état, 3,00 x 2,10 m.
Le second est un tapis Indien (chaîne, trame et velours en laine), Inde, vers 1940-1950, (3108/05), 3,08 x 1,98 m.
Pour les deux, nous pourrons obtenir des certificats de l’expert agréé – membre de la Compagnie Nationale des Experts (CNE) et de la Chambre Européenne des Experts conseils en Œuvres d’Art (CECOA), 10, rue du Bac 75007 Paris. Tél : 0676491683. chevalier.alexandre07@gmail.com.

Mais le clou de cette vente, pour nous, aujourd’hui, ce sont ces 9 chaises accompagnées de 2 fauteuils que nous voyons remplacer parfaitement les chaises délabrées que nous possédons. De plus, cet ensemble ira parfaitement avec la table de la même facture des enchères desquelles nous sortons gagnants à 18:25 (allégés de 450 € tout de même). Nous ne le regrettons pas car il s’agit d’une belle table, et à ce prix-là, ca reste une vraie affaire : « Ole Wanscher (1903 1985) ,Table ovale en bois exotique (deux allonges) vers 1950. Editions P. Jeppesen 146X108X73 »

Table Ole Wanscher

Pour ce lot de chaises vraiment belles (et 2 fauteuils !) estimées à 150-200€, la bataille fait rage : nous montons jusqu’à 1000€, mais elles partiront à 1200€. C’est sans regret … mais quand même : elles étaient belles.
Et pour le coup, la seule chose dont nous avons besoin aujourd’hui, ce sont de chaises !

Véronique en est si frustrée qu’elle quitte la salle (et puis elle a des choses à faire). Mais je m’accroche car je suis convaincu que cette grande table en marbre peut accueillir 6 personnes au large et qu’elle pourrait être mienne. Et c’est ainsi que j’en fais l’acquisition à 18h40 pour la somme de 40 €. Ca aussi, c’est une vraie affaire pour finir en beauté

Une après-midi entière chez Drouot, qui nous aura coûté plus de deux milles euros :

Le Calvez & Associé1550
Fauteuil « à oreilles »110
CHINE, Console demi lune150
Suite de 12 verres taillés70
LIMOGES, service Pompéi90
BARBOZA, portrait de chien250
Service composé de 30 verres30
Paire de bougeoirs en bronze30
Tapis Indopersan150
Tapis Indien180
Ole Wanscher – Table450
Grande table double de bistro40
Le cabinet Tessier & Sarrou et Associés475
ARNEODO Alain40
ARNEODO Alain40
ARNEODO Alain55
ZYDLOWSKI Hervé120
RAÂK180
HADAD Abraham40
Total2025


Une après-midi chez Rouillac depuis notre salon

Le catalogue était beau, mais aucun des objets que nous avions repéré n’est resté accessible ; ils sont tous partis bien au-dessus de leur prix d’estimation.
Finalement, nous avons fait une acquisition :
PAIRE de TABLES GUÉRIDONS
en tôle dorée, plateau circulaire rond. H. 71, D. 55 cm.
Provenance : collection particulière, bassin d’Arcachon.

Les pièces que nous avions repérées :
Lot 79
TRAVAIL FRANÇAIS des ANNÉES 50 Petite armoire de rangement en placage de citronnier de Ceylan et sycomore. Ouvre à deux portes légèrement bombées et présente sept tiroirs. Le meuble repose sur quatre pieds légèrement galbés. Poignée en bronze doré prenant la forme d’un serpent stylisé. Vers 1950. H. 150,5 L. 103, P. 47 cm. (accidents). Provenance : collection Pierre et Jocelyne Noury, Rennes.


Lot 62
Dans le goût de la COMPAGNIE des ARTS FRANÇAIS Chaise à dossier éventail, circa 1930 en acajou les pieds antérieurs à godrons, les pieds postérieurs sabres. H. 88, L. 41, P. 39 cm. (décollements de placage et petites rayures). Provenance : collection Pierre et Jocelyne Noury, Rennes

Lot 66
Gabriel Eugène COQUELIN (Français, 1907-1996) Femme couchée. Épreuve en bronze, signée sur la terrasse, portant un cachet de fondeur illisible. Numérotée 1/8. H. 14, L. 27 cm. Provenance : collection Pierre et Jocelyne Noury, Rennes.

Lot 163
Dans le goût de Michel DUFET (Français, 1888-1985) Bureau de forme rectangulaire en placage de bois clair. Du côté droit, il est muni d’un caisson présentant trois tiroirs à poignées de verre enrichis de deux étagères. Du côté gauche, un montant accueille deux niches. Il ouvre par un tiroir en ceinture. Le plateau en partie foncé d’une toile enduite. Repose-pieds constitué d’une barre tubulaire. Pieds patins. H. 74,5, L. 145,5, P. 78 cm. (petits accidents au placage, manque la clef). Provenance : ancienne collection de la villa Tiffonet à Châtres-sur-Cher, décorée par Jean Pascaud à partir de 1948.

Il y avait aussi un Picasso, très beau en 3 traits :
Pablo PICASSO (Espagnol 1881-1973) – Tête de femme de profil, 1920.

Un Portrait de chien de Francis PICABIA (Français, 1879-1953)
Crayon pastel, signé en bas à droite.
Haut. 17, Larg. 22 cm.
Certificat d’authenticité de Beverly Calté, représentant le comité Picabia, en date du 19 octobre 2020.
Provenance : vente à Paris, Me Briest, 16 novembre 1995, n°150.

Picabia

Nous avons été très impressionné par l’argentier à ressaut (c. 1931-1934) de Émile-Jacques RUHLMANN (Français, 1879-1933) en placage de palissandre des Indes, la partie centrale à léger ressaut ouvrant par deux portes centrales encadrées de deux rangs de six tiroirs, flanqués de chaque côtés de deux portes dévoilant trois étagères. Socle parallélépipédique en retrait reposant sur une gaine à rouleaux .
Ornementation de bronzes dorés pour les poignées et les entrées de serrure.
Plateau en marbre Portor de forme rectangulaire à gorge.
H. 101, L. 280, P. 74 cm. (petits sauts de placage).
Provenance : collection Félix Marcilhac. collection Pierre et Jocelyne Noury, Rennes.

Certificat joint par Félix Marcilhac du 30 janvier 1998 : « oeŒuvre authentique (…) réalisée en palissandre, variante du modèle spécialement créé et conçu en bois de violette par l’artiste pour Van Beuningen en 1931, portant le numéro 2136 du référencier d’Émile Jacques Ruhlmann. »

Bibliographie :

  • Revue Mobilier & Décoration, décembre 1934, œuvre reproduite page 453.
  • Pierre KJELLBERG, « Le mobilier du XXe siècle, Dictionnaire des créateurs », les éd. de l’amateur, 1994, ce meuble illustré pp. 572-573, « Collection Félix Marcilhac, Paris ».

Le décorateur et ensemblier Jacques-Émile Ruhlmann (1879-1933) marque de son empreinte le mouvement Art Déco. Principal instigateur de « l’Hôtel du collectionneur » en 1925, il est à l’origine d’un art total somptueux qui se manifeste lors du Salon international des arts décoratifs de Paris cette même année. Le style Ruhlmann devient le style Art Déco, faisant la part belle aux matériaux luxueux et réinterprétant les styles historiques, entre faste et pureté des lignes. Notre argentier figure parmi les chefs-d’œuvres de sa production. Il est ainsi illustré en pleine page de l’ouvrage de référence consacré par Pierre Kjellberg au mobilier du XXe siècle.

Notre argentier trouve son inspiration dans le mobilier du XVIIIe siècle, comme c’est souvent le cas dans les années 1920-1930. Il combine les caractéristiques de deux meubles du règne de Louis XVI : l’enfilade, dont il épouse la longueur, et le meuble à hauteur d’appui, dont il partage la hauteur. Si les dressoirs d’alors ont vocation à étaler la richesses des collections d’orfèvrerie de leurs propriétaires, notre meuble dissimule plus qu’il ne met en scène les métaux précieux. La réinterprétation des fastes du XVIIIe siècle s’apprécie alors dans l’utilisation de matériaux luxueux pour la confection du meuble lui-même, avec son précieux palissandre des Indes. Son plateau en marbre veiné de pyrite, brillant comme de l’or, appartient à un gisement aujourd’hui épuisés : le Portor. C’est dans ce même marbre que Rembrandt Bugatti soclait ses plus prestigieuses sculptures.

Toutefois cette beauté régressive ne doit pas nous faire oublier sa fantastique modernité. La plinthe évolue comme une ligne terminée par deux volutes parfaitement sphériques. Elle évoque les « Rythmes » peints par Delaunay et le mouvement orphiste en cette même année 1934. Jusque dans sa serrure, semblable à celles réalisées d’autres fois avec Jan et Joel Martel, cet argentier navigue entre luxe et épure. Félix Marcilhac, l’un des plus illustres spécialistes de l’Art Déco ne s’y était pas trompé, ayant été l’un des précédents propriétaires de ce meuble exceptionnel par son luxe et ses dimensions.

et puis des Calder, dont le plus grand a été attribué à 52 000 €.
Attribué à Alexandre CALDER (Américain, 1898 – 1976)
Stabile en trois éléments.
(Métal rouillé d’origine). H. 61 L. 116 P. 92 cm.
Provenance :

  • maquette offerte par Alexandre Calder à Christian Quenault, ouvrier à l’usine tourangelle Biémont entre 1969 et 1972.
  • la fondation Calder, qui conteste l’authenticité, de cette œuvre a été déboutée dans ses prétentions par le tribunal correctionnel de Paris (4 juin 2013), par la Cour d’ Appel de Paris (4 mars 2015) et par la Cour de Cassation (9 juin 2015), plus haute juridiction française.

Bibliographie : « Les Calder de Quenault aux enchères », maison de ventes Rouillac, Tours, 2019.
À rapprocher de « Lys de force », 1944, collection particulière.